Le petit train de campagne me ramène à la maison. A vrai dire, ce n’est plus chez moi depuis déjà longtemps, mais je retourne dormir dans la maison familiale, le temps d’une escale avant l’Ukraine, vacances.
J’ai tellement été entourée d’un environnement urbain cette année que ce trajet au milieu des vaches suisses, le Jura se dessinant à l’horizon, me parait totalement incongru. 3 jours en Suisse, juste le temps de poser des valises, et de reprendre mon sac à dos. Il m’a manqué, celui-là. J’ai pourtant tant voyagé cette année, mais le temps d’un weekend, avec un bagage à main de fille urbaine, celui avec un sèche-cheveux dedans. Après-demain, point de sèche-cheveux. L’appel de la route et du pouce fièrement dressé, le crin pas brushingué des vacances de backpackeuse, et l’odeur de ta peau que je vais retrouver.
3 jours, c’est tellement rien. On décide de ne voir personne parce que sinon ça n’arrête pas et que rha de toute façon on peut pas voir tout le monde, mais comment ne pas vouloir passer chez Caro, qui part en Namibie pour 6 mois et que je n’aurais pas l’occasion de revoir autrement? Comment ne pas vouloir juste passer dire bonjour comme ça à Eric, à Nathalie dont le sourire me manque, à Inès et à tous les autres? Je cavale donc, de porte à porte, et tant pis, je me poserai à Odessa.
J’ai commencé ce blog pour garder contact avec ceux qui me manquaient, pour leur donner quelques bribes de mes histoires, à défaut de les leur raconter de vive voix. J’ai commencé ce blog, et j’avais oublié ma soif d’écriture. J’avais oublié beaucoup de choses, et cette année m’aura permis de m’en souvenir. Je quitte Madrid, pour retrouver ceux qui m’ont tant manqué, en me séparant de ceux qui vont tant me manquer, et j’emporte avec moi tout ce que j’y ai appris. Heureusement que ça ne pèse lourd que dans ma tête, parce qu’au prix du kilo de bagage supplémentaire, je serais tout simplement ruinée.
La Suisse, j’arrive. Pas encore tout de suite pour de vrai, j’ai besoin d’une transition, mais j’arrive.